En 1163 le Roi Louis VII le Jeune fonde la ville nouvelle de Villeneuve le Roi, bastion avancé du domaine royal de France au sud de Sens, entre le comté de Champagne et le duché de Bourgogne.
La Maison de Joubert à Villeneuve-sur-Yonne
Entre le pont Saint-Nicolas et l’Eglise Notre-Dame de l’Assomption (XIIe), à l’emplacement de l’ancienne maison claustrale des Prémontrés de Saint-Marien d’Auxerre, un ensemble de maisons du XVIIIe en équerre borde un jardin intérieur, le clos de Joubert.
C’est ici, « entre un vignoble, une rivière et un quart de ciel » note-t-il, au 18 de la rue du Pont, que ce natif de Montignac s’établit en 1793 après son mariage, loin de Paris et des secousses de la Révolution.
Pétri de l’Antiquité, d’art et de littérature, Il cultive les amitiés littéraires et épistolaires, exerce l’art de lire et de la note, et noircit pendant près de 40 ans des petits cahiers de pensées, unique oeuvre posthume. Chateaubriand fait publier le premier recueil des Pensées de Joubert en 1838.
Conservée depuis sa mort en 1824 par sa proche famille, la maison de la rue Joubert (IMH), labellisée Maisons des illustres, ses décors, sa bibliothèque et les souvenirs intacts rappellent cette époque et ses plus fidèles visiteurs et amis, Pauline de Beaumont, Fontanes et Chateaubriand.
Protection et restauration de la maison
C’est ainsi qu’elle est inscrite au titre des Monuments historiques en mars 1990, protection suivie d’une restauration des façades et des couvertures de 1993 à 1996.
Puis d’une autre tranche de travaux de 2023 à 2025, en vue de son ouverture au public, avec les soutiens actifs de la DRAC de Bourgogne-Franche-Comté.
Membre de la Fédération nationale des maisons d’ écrivain & des patrimoines littéraires depuis 2022, la maison a reçu le label « Maisons des illustres » du ministère de la Culture en novembre 2024.
Mobilier et décors
Le mobilier conservé en place est décrit dans les inventaires du début du XIXe, dans le récit publié d’un visiteur en 1866, et se retrouve sur les cartes postales du début du XXe siècle avec les souvenirs et les gravures d’époque.
La majeure partie de cet ensemble mobilier préservé a été inscrite au titre des monuments historiques en septembre 2023.
Elle a fait l’objet d’un article dans les Actes du colloque 2023 de l’ACAOAF traitant des « maisons pleines » qui ont gardé leur mobilier et leur décor (Regards sur les intérieurs meublés, Errance & Picard, septembre 2023).
Ce mobilier est lui aussi révisé et nettoyé avec l’aide de la DRAC de Bourgogne Franche-Comté par un ébéniste spécialiste du XVIIIe siècle.
La Bibliothèque
La bibliothèque de Joubert à Villeneuve constituée à partir de la fin du XVIIIe siècle a été conservée.
Les livres choisis et souvent annotés par ce grand lecteur vont du début du XVIe à l’année 1823 peu avant sa mort.
Ils couvrent les domaines les plus variés : l’antiquité, la philosophie et la politique, l’histoire, la religion, les arts, la littérature et la poésie, les voyages et les sciences.
Cette bibliothèque toujours restée ouverte aux chercheurs a fait l’objet de plusieurs études et publications dont la dernière remonte à 2021 (Bulletin du Bibliophile N° 1 2021 – Electre, BnF).
Évolution du XVIe au XXe siècle
Bâtie à l’emplacement du clos Saint-Marien, l’histoire de la maison se recoupe avec celle de la ville. L’ensemble du bâti a évolué au cours des siècles, les actes de vente remontent au début du XVIe siècle.
Maximilien Gauthier, président au bailliage de Villeneuve-le-Roi, habitait l’aile Joubert à la fin du XVIe, près du bailliage de la ville.
On peut penser que c’est le négociant Jacques Moreau, échevin à Villeneuve, qui fit édifier la maison telle qu’elle nous est parvenue pour l’essentiel, acquise par la famille en 1783.
Joubert s’installa après son mariage avec Victoire Moreau en 1793 dans l’aile sud et y séjourna régulièrement jusqu’à sa mort en 1824. Cette aile, inhabitée depuis, a conservé ses décors, son mobilier, sa bibliothèque et ses souvenirs, qui rappellent cette époque et ses amis : bustes, dessins, gravures, journaux, lettres, médaillons…